Un peintre, un sculpteur entre autres artistes créateurs, utilisent leur art pour s'exprimer. Parfois, certains d'entre eux ont recours à des mots bien qu'ils ne soient pas écrivains. C'est le cas de Raphaël, sculpteur. Son texte est reproduit en respectant le choix de son vocabulaire et de sa syntaxe.
"J'aimerais dire STOP ! Arrêtons tout !
Vous savez, comme pendant le confinement mondial.
J'aimerais qu'on s'arrête et que l'on réfléchisse à l'absurdité ambiante . . .
Nous sommes tous la même personne, avec des paramètres différents, c'est tout.
Nous vivons dans un être unique et sans pareil.
Un être qui a su développer tellement de différences, des différences qui en font sa force.
La vie s'est développée ici et a créé son champ des possibles et c'est tellement beau.
Chacun y crée son propre courant de pensée et quel magnifique chaos.
Mais là le chaos il n'est pas très beau et il fait même un peu peur.
Nous avons tous les yeux assez ouverts aujourd'hui, pour voir le problème qui est, somme toute assez simple.
Sans verser dans les théories complotistes, il est clair que tous nos gouvernements sont corrompus.
Nous vivons dans un système conçu pour faire de nous des esclaves à la solde d'une poignée d'élus, vivant hors de notre réalité. C'est global, mondial et cela fait un moment que cela dure.
Et là pour moi ça coince, ce n’est pas viable et la souffrance est devenue insupportable.
Donc nous allons arrêter tout ca, ensemble, pour nos frères et sœurs, qu’ils soient humains, cochons, fourmis, la vie quoi.
Moi je vais vous dire comment je la vois la vie, le fruit de mes quarante-trois années d’existence : Petit jouet cassé, j’ai toujours cherché à combler les vides.
L’école ne m’a pas appris grand-chose, par contre cette petite boite à image oui. J’y ai forgé mes valeurs grâce à Albator, Cobra et tant d’autres ; j’y ai forgé un esprit critique en regardant les Guignols de l’info ; les reportages en tout genre m’ont fait découvrir ce monde, ses richesses et m’ont nourri de savoir.
Puis est venu le temps béni des torrents, du peer to peer (*), enfin un accès illimité et gratuit à la culture sous toutes ses formes, c’était magique.
Entre temps j’étais devenu artiste, de mes mains je me suis mis à modeler, à créer.
Autodidacte je me suis intéressé à la sorcellerie et aux mondes cachés.
J'ai créé ma magie et j'ai continué d'avancer dans ce monde que je ne comprenais pas.
J'ai ouvert bien des portes et il en reste tellement.
A un moment, à mes trente et un ans, quand pour la première fois j’ai utilisé mon cœur pour parler, çà a débloqué un truc en moi, et je me suis retrouvé avec toute une civilisation dans la tête et une mission : la mettre en place.
C'était très détaillé : un projet de construction de pays sur les mers, UTOPIA.
Le principe était de récupérer tous les déchets générés par les humains et surtout le plastique, et à l’aide d’imprimantes 3D gigantesques, de s’en servir comme matériaux de construction pour les bases de cette grande évolution.
C’était très détaillé, structure en nid d’abeilles, les îles, les graines de vie auraient été développées par des enfants comme dans LEGO World, elles étaient évolutives et s’adaptaient aux évolutions de l’espèce, pour pouvoir un jour essaimer vers les étoiles et avant tout protéger la vie en cas de catastrophe.
J’avais 3 hommes à contacter, Thierry Ehrmann (**), Philipe Starck (***) et Mohammed VI. Mais j’étais un gamin en construction, je n’avais que quelques dessins et sculptures.
J’ai quand même tenté par deux fois de rencontrer Thierry Ehrmann, à la demeure du Chaos, mais je n’ai pas réussi à le rencontrer et les deux autres, trop inaccessibles.
J’ai donc décidé de continuer à grandir, à passer des portes et j’ai gardé cette utopie dans un coin de ma tête.
Puis j’ai rencontré Tècle, une amie très chère à mon cœur, j’ai appris tellement à son contact.
En l’observant, j’ai vu cet autre monde, celui que l’on ne voit pas avec les yeux et j’ai fini de me construire, je me considère enfin adulte.
Aujourd’hui je suis tellement de choses ; un paladin, une sorcière, un roi, un insecte, une poussière, mais avant tout je suis de l’eau, je fais partis de son cycle et de ses nombreux états, et aujourd’hui je suis en colère.
Pourtant la colère, bien qu’étant légitime, est une émotion nocive qui fait perdre tout discernement.
Je suis triste aussi, pour tout ce que l’on détruit. J’ai même douté quelques fois, douté de nous, de notre place ici-bas.
Toutefois je n’ai plus peur, j’ai appris à vivre au temps présent et à avoir confiance.
Ce qui me sauve au fond c’est la joie, l’amour et l’espoir. Cela je le trouve dans le cœur des enfants, peut importe leur âge. Ce sont eux mon moteur, c’est pour eux que je crée, pour les émerveiller, les faire rêver et qu’ils se questionnent.
C’est aussi pour eux que cette utopie me tient à cœur, pour leur donner une chance de faire autrement.
Moi, même si j’espère encore vivre plein d’aventures, ma vie est déjà faite et j’ai peu d’espoir d’aller explorer les étoiles, enfin qui sait…? Merci de m’avoir écouté, je me sens plus léger.
Jean-Baptiste Raphaël Severin Moïse DE CARCOSA
(*) Le pair-à-pair, peer-to-peer ou P2P (les trois termes désignent la même chose), définit un modèle de réseau informatique d'égal à égal entre ordinateurs, qui distribuent et reçoivent des données ou des fichiers. Dans ce type de réseau, comparable au réseau client-serveur, chaque client devient lui-même un serveur.
(**) Thierry Ehrmann, né le à Avignon, est un artiste et homme d'affaires français.
(***) Philippe Starck, né le 18 janvier à Paris, est un créateur français dans des domaines variés ; design industriel, architecture, décoration d'intérieur, mobilier urbain, électroménager, bureautique, luminaire, habillage, transport, et même alimentaire. Considéré comme un des pionniers du design démocratique, il connaît depuis les années 80 une renommée internationale, notamment grâce à sa vision et sa philosophie : un objet doit être bon et utile, avant d’être beau.